NOS BANQUIERS ONT DU COEUR

Paris, le 06 avril 2012 - Depuis le 4 avril dernier, les distributeurs automatiques de monnaie du Crédit Agricole d'Ile de France proposent à leurs usagers un conseil gratuit, une maxime, un proverbe ou un aphorisme, dès lors qu'ils retirent de l'argent. Cette initiative, qui rencontre un succès populaire étonnant et contribue de toute évidence à la récente hausse de moral des Franciliens, n'a pourtant fait l'objet d'aucune campagne de promotion. Déjà, d'autres établissements bancaires envisagent d'exploiter l'idée.

"En somme, c'est ce qui divise les hommes, qui multiplie leur différend." Telle est la citation, que nous adresse notre distributeur, alors que nous venons d'empocher le billet que nous avions sollicité. Une vague de félicité nous mouille de sa chaleureuse caresse. On se prend à vouloir rejouer. Un billet de plus. "Il faut se suicider jeune, si l'on veut profiter de la mort."

On est tout à coup dubitatif.

"L'idée" nous confie François-Gérald de Galouzeau-La-Molinière, chargé de communication au Crédit Agricole, "c'est l'idée du Fortune Cookie, une idée extrêmement stimulante, au moins d'un point de vue subliminal, convenez-en, lorsqu'on s'apprête à retirer de l'argent. Avant de vous rendre votre carte, l'appareil vous propose un conseil. Vous l'acceptez ou non. En cas de réponse positive, nous l'imprimons pour vous. Bien sûr, la maxime distribuée est adapté à votre situation bancaire."

Car en effet, un algorithme d'une sobre simplicité autorise la personnalisation du conseil prodigué. "Tous pour un, un pour tous et vingt-cinq pour cent, par exemple" nous explique Monsieur Galouzeau-La-Molinière "n'est pas une citation que nous nous permettrions avec les plus indigents de nos clients. Ils n'auraient pas le recul. La probabilité pour qu'ils obtiennent quelque chose du type : si vous avez perdu au tiercé, vengez-vous, mangez du cheval - est bien plus importante."

A l'origine du projet, l'idée plutôt répandue chez les économistes que la crise actuelle est devant toute autre une crise de confiance. "Ces derniers jours" nous confirme d'ailleurs Monsieur Galouzeau "nos automates ont enregistré une hausse des retraits de 178%. La machine était grippée, elle repart."

Nous procédons de fait à un dernier essai, à titre documentaire : "Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant" nous recommande la machine. On envisage soudain de vérifier le solde dont on dispose.

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