Balazuc, le 04 avril 2012 - Installer un atelier de potier-céramiste sur la lune, c'est le pari un peu fou que s'est lancé récemment un jeune artiste ardéchois, qu'une trajectoire atypique avait d'abord conduit de Paris, où il étudiait, semble-t-il, les mouvements désordonnés de certaines populations crypto-musulmanes, en Bourgogne où, revenant à la raison de moins douteuses ambitions, il devait enfin s'initier et non sans enthousiasme, au tour artisanal des terres meubles.
Pour autant, Tom-Tom Bichart de Cérame, le bien nommé, n'est pas que rêveur et nomade.
Et n'est pas que bouleversement. Revirement. Eloignement.
Mais alors, s'interroge-t-on avec autant de spontanéité que d'ingénuité, serait-il peut-être l'un de ces fantaisistes égarés, qu'une consommation excessive de drogues douces aurait détourné du droit chemin des réalités entrepreneuriales. "Bien au contraire !" plaide-t-il du tac-au-tac avec une bonhommie communicative. "J'ai bien calculé ma petite affaire, je crois : je pars fin août de Kourou en Guyanne, sur un vol régulier, dont j'ai réussi à négocier qu'il me dépose. J'emporte avec moi un container de biens de premières nécessité et je construirai le reste sur place. Tout est prévu. J'ai concocté un business plan en argile armé, voyez, j'ai tout calculé, tout chiffré, tout envisagé."
Interrogé sur les conditions de travail qui l'attendent sur notre satellite naturel, Monsieur Bichart, contre toute attente, se montre une fois de plus relativement optimiste. Ni les températures excessivement basses, ni la perspective d'avoir à évoluer en apnée la plupart du temps ne semblent l'effrayer plus que de mesure. "Je suis en excellente santé !" nous rassure-t-il d'ailleurs. "Et ce qui m'intéresse, ce sont précisément ces conditions atmosphériques ou non-atmosphériques particulières" - ici, un sourire de connivence - "qui devraient en toute rigueur me permettre de créer des pièces uniques, des pièces sans précédent dans l'histoire de la céramique."
Difficulté d'entretenir un feu de bois ? Balayée du revers de la main. Alimentation ? Pas une question. Seul point noir à vrai dire : les ventes, "car" nous explique-t-il "l'absence de navettes régulières rendra tout acheminement de ma production vers ma boutique ardéchoise particulièrement ardu. C'est un problème que je n'ai pas encore réglé, mais que l'ouverture d'une boutique en ligne devrait me permettre de résoudre, si je parviens à tenir des délais de livraison raisonnables."
Enfin, questionné aussi sur l'isolement dont il pourrait souffrir, si loin de ses proches, Tom-Tom Bichart de Cérame se veut rassurant : "Vous savez" rappelle-t-il "je suis heureux parce que je crée, mais au-delà de ces nobles aspirations - qui m'appartiennent, il ne faut pas se voiler la face, je cherche avant tout à fuir Paris, ses jounalistes quart-mondistes et tiers-mondains, ses humanitaires gastronomes de la Montagne Sainte-Geneviève et ses oenologues provinciaux, hépatiques et confus. A l'heure du tout numérique, il est assez malaisé de leur échapper."
La poterie du Cirque Hipparque, au sud-est de Sinus Medii, ouvrira ses portes le 1er septembre 2012.
L'ornement sonore aéronomique évolutif du launch party sera assuré par Damian Schwartz, le Kollektiv Turmstrasse et Carl Craig.
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