UN VILLAGE ARDECHOIS CHOISIT LE PAVOT POUR SE RENFLOUER

Privas, le 12 avril 2012 - Lors d'un référendum organisé mercredi, 72% des habitants de Balazoc ont voté pour le projet constituant à louer sept hectares de terre à une association qui y plantera du pavot à opium.


"Êtes-vous d'accord avec le plan anti-crise approuvé par la mairie de Balazuc le 29 février?" C'est la question posée mardi par la municipalité de ce petit village, qui a soumis à référendum un projet de plantation de "papaver somniferum" sur le territoire de la commune. Le "oui" a récolté la majorité des suffrages, avec 72% des suffrages contre 28% de "non.


Confronté à une dette de 1,3 millions d'euros, le maire du village, Tom Charbit, avait eu en août 2011 la visite de l'Association française de consommation privée d'opium (AFCPO), qui lui proposait de louer sept hectares de ses terres agricoles pour y cultiver cette plante médicinale. Prête à payer un loyer annuel de 550.000 euros, l'association forte de 5 000 membres, représentait, pour la commune l'occasion d'éponger sa dette en deux ans, et ceci en toute légalité. Et de multiplier par plus de dix le prix de location des terres par rapport aux baux normaux.


Grâce au vote de mardi, la municipalité prévoit la création d'une quarantaine d'emplois directs ou indirects issus des plantations d'opium et la création d'un pôle de recherche sur les dérivés morphiniques. Une aubaine pour le village qui a "beaucoup de difficultés avec la crise", a expliqué Charles Enderlin-Lareine, conseiller municipal de la commune, lors de la présentation du projet.


Seulement, l'application du vote n'est pas aussi simple. Le maire de ce village situé au sud du département avait dressé cette consultation comme un vote de confiance: si le oui n'atteignait pas le seul des 75%, Tom Charbit rendait sa démission. Combattu par l'opposition municipale menée par la coalition rurale des maraichers rigoristes (CRMR), ce projet a déstabilisé l'élu qui est maintenant pressé de quitter son poste. Chose qu'il a finalement refusé de faire, considérant que sa démission relèverait de "l'irresponsabilité". "Je ne vais pas démissionner ni ce soir, ni demain", a déclaré le maire de Balazoc, estimant qu'il fallait "faire les choses dans l'ordre et le calme".


La légalité remise en cause


Du côté des représentants politiques et judiciaires ardéchois, les avis sont partagés. Le procureur régional, Jacques Hadith, s'est déclaré favorable à ce projet considérant que la consommation collective de drogue douce n'est pas un crime si elle n'affecte pas un tiers. Le Conseil de quartier a pour sa part rejeté le projet en ce qu'il "s'écarte des valeurs éthiques et morales d'une société qui a besoin du travail, de l'effort et de persévérance pour surmonter la crise mondiale". Corinne de Montbrisson, la vice-présidente de l'Association des buveurs de sirop d'orgeat du Languedoc et de l'Union du Tranxène (ABSOLUT), avait elle déclaré qu'elle ne voyait pas en ce projet une "solution" pour sortir de la crise.


L'association française de consommation privée d'opium (AFCPO), qui déclare être un club "ludico-thérapeutique" a un statut légal dans la mesure où elle ne revend ni ne trafique ce qu'elle produit. Depuis janvier 2012, la loi ardéchoise est flexible sur le sujet : le Code pénal reconnait la légalité de la vente de graines et la culture de plants de "Papaver somniferum" dans un cadre privé…ce qui n'est pas le cas des terres de la ville de Balazoc, commune qui dépend historiquement du sixième arrondissement de Paris.

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