LE FORUM DE BARBÈS

Paris, le 27 janvier 2018 – Au cours d’un micro-séminaire quasi-improvisé dans les salons privés d’un discret hôtel de Davos, où se tenait ces jours derniers le fameux forum éponyme, Monsieur Emmanuel Macron, le jeune et dynamique Président Français, dont le brio, le charisme et le sexappeal affolent la planète de Beijing à Monrovia, de Bogota à Téhéran et d’Antananarivo à Douchanbé, est parvenu une fois de plus, sans la moindre difficulté, à captiver son auditoire, en l’occurrence, une trentaine de personnes.

Tout en décontraction, sourire, souplesse et séduction, celui dont il se dit désormais sans fausse pudeur qu’il est le seul vrai grand leader du monde libre, faisait alors face, hors caméra, à un parterre fasciné de chefs d’États et de dirigeants de grandes entreprises assis en tailleur autour de lui et venus là recueillir sa parole – qui un conseil, qui une analyse, qui un mot d’encouragement. Or, c’est au terme de ce bienveillant colloque, dont tous ceux qui ont connu l’insigne bonheur d’en être ont rapporté l’ébouriffante intelligence, qu’Emmanuel Macron, reformulant avec panache le concept de disruption a proposé que le prochain Forum de Davos se déroule à Barbès, « sous le métro aérien ».

« J’ai une vision. » aurait déclaré le Président et porte-parole aujourd’hui incontesté de l’ensemble des peuples d’Europe, de la côte atlantique aux confins de la Sibérie orientale, « Nous ferions ensemble quelque chose de simple : quelques tréteaux, des nappes en papier, des gobelets, des jus et des biscuits, mais plus qu’à tout, ce à quoi je tiens, c’est à ce que notre forum se déroule en présence des populations autochtones. Car nous ne pouvons plus vivre coupés du chahut de ces foules bigarrées, qui ont confiance en nous. Nous devons les entendre et nous en rapprocher. »

Interrogée par notre correspondant à Davos à l’issue de l’impromptue rencontre, une jeune Américaine, actrice majeure de la net-économie, qui, en raison de son émoi, a préféré témoigner sous couvert anonymat, nous a confié qu’elle n’avait « jamais rien vu de tel. » Les joues encore roses et le téton saillant, elle a concédé que l’idée de s’encanailler à Paris était « excitante autant qu’effrayante, mais que c’était précisément cela qui lui donnait toute sa valeur. » Puis, regrettant dans un soupir de n’être pas née Française, pour vivre au plus près, en citoyenne, la Présidence d’un tel homme, elle s’est excusée de devoir nous quitter sur ces mots : « Je crois que j’ai fait pipi dans ma culotte. »


UN POLITIQUE EN TERRE INCONNUE


Vesoul, le 26 janvier 2018 – France Télévision vient de dévoiler l’identité de la personnalité qui, succédant au comédien Kev Adams, accompagnera prochainement Frédéric Lopez lors de l’épisode à venir de l’émission de France 2 « Rendez-vous en terre inconnue ».

Invité mercredi matin sur Europe 1, le présentateur est revenu au micro de Philippe Vandel sur un tournage exceptionnel à plusieurs titres, « puisqu’en effet, ce rendez-vous a lieu en France pour la première fois et que pour la toute première fois, ce n’est pas un artiste, mais un responsable politique, en la personne de monsieur Laurent Wauquiez, qui s’est prêté au jeu. »

Le cœur encore en fête d’avoir été élu haut la main à la tête des Républicains le 10 décembre dernier, monsieur Wauquiez a accepté d’emblée, avec enthousiasme « et peut-être un brin d’inconscience » susurre-t-on dans son entourage, le défi que représente la délocalisation surprise d’un homme dans un environnement exotique, étranger, inclassable.

Frédéric Lopez le confirme d’ailleurs : « En cours d’aventure, Laurent m’a confié qu’il avait toujours été fasciné par la Haute-Saône, qu’il ne connaissait que de nom et tout particulièrement, je le cite, la Haute-Saône éternelle, ses grands espaces agricoles et son peuple hirsute et bourru. »

Contacté ce matin par notre expert « médias, démagogie et flan traditionnel », monsieur Laurent Wauquiez a pourtant concédé que tout n’avait pas toujours été facile et que « la barrière de la langue une fois passée », il avait tout de même éprouvé quelques difficultés à s’adapter aux us du clan « d’abord parce que ces gens-là », a-t-il précisé, « se nourrissent exclusivement de pommes de terre bouillies et d’eau de vie de mirabelle et ensuite parce que Brandon-Hervé, leur chef, n’a eu de cesse d’obtenir que je troque ma Jaeger-Lecoultre contre la virginité de sa fille cadette, trois têtes de bétail et l’équivalent d’une année de fourrage. »

Enchanté néanmoins d’avoir vécu cette expérience « forte et très enrichissante », Laurent Wauquiez s’est aussi félicité que pour une fois, l’émission ne fasse pas la part belle à une « quelconque tribu d’arriérés de type négroïde, islamisés ou à tout le moins, en voie d’islamisation, pour oser se lancer à la découverte d’un terroir auquel tout un chacun peut se sentir lié par la culture et par le sang. »

« Rendez-vous en terre inconnue : Laurent Wauquiez chez les Lurons de Haute-Saône » sera diffusé le 25 janvier 2018 à 20h45 sur France 2.

CARTON ROUGE À JEAN D’ORMESSON



Paris, le 07 janvier 2018 – C’est avec stupeur, avec tristesse et consternation que nous avons appris ce matin la disparition du chanteur Johnny Hallyday, intervenue, semble-t-il, au début du mois de décembre, dans l’indifférence générale.

Cette information, qui, à l’heure où nous publions, reste à prendre au conditionnel, laisserait à n’en pas douter la France est en deuil, une France blessée, certes, mais digne et pleurant avec toute la pudeur et la retenue qu’on lui connait, un authentique monument de la culture populaire nationale.

Au nom de cette peine, sobre et discrète au point que la nouvelle du décès de l’artiste aurait échappé, contre toute attente, à la perspicacité de nos équipes, nous tenons par avance à faire amende honorable en présentant nos excuses à la famille, aux proches et aux admirateurs de Johnny, car, le cas échéant d’un manquement tel à notre devoir de journaliste, nous nous serions rendu coupables d’une faute dont nous comprenons le caractère impardonnable.

Les quelques personnalités que nous avons contactées dès la nouvelle connue, n’ont à ce jour pas souhaité nous répondre et nous ont adressé parfois une fin de non-recevoir à peine polie – en raison de quoi nous sommes malheureusement dans l’incapacité de confirmer pour l’heure la véracité du fait

Au nombre de celles-ci, nous retiendrons notamment monsieur Jean d’Ormesson, qui en dépit des sollicitations réitérées de notre spécialiste « culture et blogs beauté », Charles-Eusèbe Lee-King, n’a pas daigné décrocher son téléphone.

Nous déplorons cet inqualifiable mépris pour la mission qui est la nôtre de la part d’un homme que rien, ni son âge, ni sa carrière, n’autorise à faire de la sorte insulte à notre professionnalisme.

SCIENCES – LE MUSEE DE L’HOMME REBAPTISE SUITE A LA DECOUVERTE D’UN CHAÎNON MANQUANT


PARIS, le 05 janvier 2018 – C’est un événement hors du commun. Une bombe dans le monde plutôt plan-plan de la recherche en sciences sociales. Un chaînon manquant gravé d’une inscription a été mis à jour dans les vestiaires publics du Musée de l’Homme, dans la nuit du 04 janvier 2018. C’est une équipe pluridisciplinaire de vigiles et d’agents de nettoyage qui l’a découvert dans un casier de consigne, au cours d’une simple visite de routine. Il a immédiatement été pris en charge par une équipe d’anthropologues. L’AGFP s’est rendue sur place. 

Sur le parvis du Musée de l’Homme, dont les abords ont été sécurisé par la Molisse Nationale, des dizaines de curieux et de badauds affluent. C’est l’aube. Sous la lumière des camions de retransmission télévisuels, on aperçoit des reporters à la petite semaine, des représentants de Nuit Debout, des bloggers, des twitteurs et des éditorialistes. BFM est là, en train d’interviewer le préhistorien Yves Coppens. On aperçoit également Cédric Villani, en pleine discussion avec Boris Cyrulnik et Alain Finkelkroute. La tension  et l’excitation sont palpables. Notre carte de presse et notre audace nous permettent de nous faufiler à travers la foule et de pénétrer sur les lieux de l’actu.
Selon nos informations recueillies à vif à l’intérieur du bâtiment, le chaînon manquant à l’apparence d’un maillon de métal argenté. Il était posé à plat dans le casier numéro 20 dont la serrure n’était pas close. Le vigile qui l’a remarqué vers 21H30 a d’abord cru à une mauvaise blague de ses collègues du Musée du Qui Branlay – Jacques Chiroc, puisque le chaînon semblait ostensiblement orienté vers le sud-est. Mais ce soupçon a rapidement été levé, suite à une mesure GPS qui a démontré qu’il n’en était rien.   
Ce n’est que plus tard dans la nuit que les chercheurs ont déchiffré la mystérieuse inscription « Sephora » en miniscules caractères latins, police Helevetica. Code secret d’une secte millénariste, nom d’une divinité de la fécondité, anagramme alchimique ou mot de passe d’une messagerie, les interpétations vont bon train au jour d’aujourd’hui. Mais tous s’accordent à dire que de nombreuses surprises les attendent dans les heures à venir.
« C’est un événement attendu depuis des décennies par la communauté scientifique. Et même s’il est encore trop tôt pour l’affirmer, la découverte de cet artefact pourrait bien bouleverser notre conception de l’Humanité. Son apparente banalité  ainsi que sa facture assez médiocre indiquent certes son appartenance à une société dite « de consommation » de l’anthropocène tardif. Mais sa disposition topographique dans le casier laisse soupçonner une intention religieuse ou funéraire encore inconnue à ce jour. Des spécialistes en ethno-ferronerie et des linguistes sont évidemment déjà à pied d’œuvre. Les études de thermoluminescence diront d’autre part très rapidement s’il appartenait à une nouvelle espèce d’hominidé, ou s’il s’agit d’une simple breloque d’homo sapiens. » a déclaré Sabine Been, une stagiaire en médiation culturelle rencontrée dans l’ascenseur.
De son côté, la directrice de la propagande de presse du Musée, Madame Aminata Atanima a tenu à fournir à la presse quelques élements de langage : « Ce qui est amusant, c’est que cette découverte survient à l’issue de la traditionnelle semaine d’inventaire de nos collections, en début d’année. C’est toujours un moment fort pour les chercheurs et les conservateurs, qui en profitent souvent pour dépoussiérer à la main les squelettes et les restes humains stockés au sous-sol, dans une ambiance toujours très potache ! C’est aussi l’occasion d’initier les jeunes stagiaires à certaines pratiques occultes qui régissent l’administration culturelle française. Cette tradition initiée par Marcel Mauss se rattache aux rites mortuaires basques, malgaches et papous, et nous sommes fiers de la perpétuer en dépit de l’acculturation et des vicissitudes du monde moderne. », a t-elle précisé sur un air mutin.
Une interprétation officielle qui n’est pas unanimement partagée, notamment parce qu’elle passe sous silence des questions qui fâchent. Un peu plus tard dans la matinée, l’anthropologue Bernard Mullard et son collègue Laurent Pellard ont d’ailleurs improvisé une conférence de presse sauvage sur le parvis du Musée. Selon eux, cette découverte risque aussi de « remettre en cause les idées de l’ancien monde patriarcal concernant les rôles attribuées aux sexes au sein des grands cycles de la vie sociale. Pour aller plus loin, il semble flagrant que le numéro du casier, en l’occurrence le numéro 20, renvoie évidemment au chiffre romain XX. Or « XX » c’est aussi le signature génétique des chromosomes femelles chez les primates mammifères. Cela ne peut être un hasard ! Et il va sans dire que le terme « Sephora » renvoie directement à une sonorité féminine.  C’est une révolution copernicienne ! » ont-ils ajouté.
Cette conférence de presse sauvage s’est conclue par un vote à main levée auquel des vendeurs de Tour Eiffel et le personnel technique ont été invités à prendre part. « En l’honneur de cette découverte fondamentale, et en synchronicité avec l’orthographe inclusive (la lettre M s’accordant trop avec le M de Masculin), nous exigeons que cette institution s’appelle désormais le Fusée de la Femme ! » , ont-ils déclaré à l’AGFP.