PARIS, le 05 janvier 2018 – C’est
un événement hors du commun. Une bombe dans le monde plutôt plan-plan de la
recherche en sciences sociales. Un chaînon manquant gravé d’une inscription a
été mis à jour dans les vestiaires publics du Musée de l’Homme, dans la nuit du
04 janvier 2018. C’est une équipe pluridisciplinaire de vigiles et d’agents de
nettoyage qui l’a découvert dans un casier de consigne, au cours d’une simple
visite de routine. Il a immédiatement été pris en charge par une équipe
d’anthropologues. L’AGFP s’est rendue sur place.
Sur le parvis du Musée de
l’Homme, dont les abords ont été sécurisé par la Molisse Nationale, des dizaines
de curieux et de badauds affluent. C’est l’aube. Sous la lumière des camions de
retransmission télévisuels, on aperçoit des reporters à la petite semaine, des
représentants de Nuit Debout, des bloggers, des twitteurs et des
éditorialistes. BFM est là, en train d’interviewer le préhistorien Yves Coppens.
On aperçoit également Cédric Villani, en pleine discussion avec Boris Cyrulnik
et Alain Finkelkroute. La tension
et l’excitation sont palpables. Notre carte de presse et notre audace nous
permettent de nous faufiler à travers la foule et de pénétrer sur les lieux de
l’actu.
Selon nos informations
recueillies à vif à l’intérieur du bâtiment, le chaînon manquant à l’apparence
d’un maillon de métal argenté. Il était posé à plat dans le casier numéro 20
dont la serrure n’était pas close. Le vigile qui l’a remarqué vers 21H30 a
d’abord cru à une mauvaise blague de ses collègues du Musée du Qui Branlay –
Jacques Chiroc, puisque le chaînon semblait ostensiblement orienté vers le
sud-est. Mais ce soupçon a rapidement été levé, suite à une mesure GPS qui a démontré
qu’il n’en était rien.
Ce n’est que plus tard dans la
nuit que les chercheurs ont déchiffré la mystérieuse inscription
« Sephora » en miniscules caractères latins, police Helevetica. Code
secret d’une secte millénariste, nom d’une divinité de la fécondité, anagramme alchimique
ou mot de passe d’une messagerie, les interpétations vont bon train au jour
d’aujourd’hui. Mais tous s’accordent à dire que de nombreuses surprises les
attendent dans les heures à venir.
« C’est un événement attendu depuis des décennies par la
communauté scientifique. Et même s’il est encore trop tôt pour l’affirmer, la
découverte de cet artefact pourrait bien bouleverser notre conception de
l’Humanité. Son apparente banalité
ainsi que sa facture assez médiocre indiquent certes son appartenance à
une société dite « de consommation » de l’anthropocène tardif. Mais
sa disposition topographique dans le casier laisse soupçonner une intention
religieuse ou funéraire encore inconnue à ce jour. Des spécialistes en ethno-ferronerie
et des linguistes sont évidemment déjà à pied d’œuvre. Les études de
thermoluminescence diront d’autre part très rapidement s’il appartenait à une
nouvelle espèce d’hominidé, ou s’il s’agit d’une simple breloque d’homo sapiens. »
a déclaré Sabine Been, une stagiaire en médiation culturelle rencontrée dans
l’ascenseur.
De son côté, la directrice de la
propagande de presse du Musée, Madame Aminata
Atanima a tenu à fournir à la presse quelques élements de langage : « Ce qui est amusant, c’est que cette
découverte survient à l’issue de la traditionnelle semaine d’inventaire de nos
collections, en début d’année. C’est toujours un moment fort pour les
chercheurs et les conservateurs, qui en profitent souvent pour dépoussiérer à
la main les squelettes et les restes humains stockés au sous-sol, dans une
ambiance toujours très potache ! C’est aussi l’occasion d’initier les
jeunes stagiaires à certaines pratiques occultes qui régissent l’administration
culturelle française. Cette tradition initiée par Marcel Mauss se rattache aux
rites mortuaires basques, malgaches et papous, et nous sommes fiers de la
perpétuer en dépit de l’acculturation et des vicissitudes du monde
moderne. », a t-elle précisé sur un air mutin.
Une interprétation officielle qui
n’est pas unanimement partagée, notamment parce qu’elle passe sous silence des
questions qui fâchent. Un peu plus tard dans la matinée, l’anthropologue
Bernard Mullard et son collègue Laurent Pellard ont d’ailleurs improvisé une
conférence de presse sauvage sur le parvis du Musée. Selon eux, cette
découverte risque aussi de « remettre
en cause les idées de l’ancien monde patriarcal concernant les rôles attribuées
aux sexes au sein des grands cycles de la vie sociale. Pour aller plus loin, il
semble flagrant que le numéro du casier, en l’occurrence le numéro 20, renvoie
évidemment au chiffre romain XX. Or « XX » c’est aussi le signature
génétique des chromosomes femelles chez les primates mammifères. Cela ne peut
être un hasard ! Et il va sans dire que le terme « Sephora »
renvoie directement à une sonorité féminine. C’est une révolution copernicienne ! » ont-ils
ajouté.
Cette conférence de presse
sauvage s’est conclue par un vote à main levée auquel des vendeurs de Tour
Eiffel et le personnel technique ont été invités à prendre part. « En l’honneur de cette découverte
fondamentale, et en synchronicité avec l’orthographe inclusive (la lettre M
s’accordant trop avec le M de Masculin), nous exigeons que cette institution
s’appelle désormais le Fusée de la Femme ! » , ont-ils déclaré à
l’AGFP.
1 commentaire:
Article passionnant !
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